Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/425

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tion, sur ce point, est à faire, et tu la feras, si tu ne veux pas rester toute ta vie un grossier chasseur de scélérats comme ton ennemi Gévrol.

— J’avoue que je ne vois pas le rapport…

M. Tabaret ne daigna pas répondre à cette question. Il se retourna vers le père Absinthe, et du ton le plus amical :

— Faites-moi donc le plaisir, mon vieux, lui dit-il, de prendre dans ma bibliothèque, à côté, deux gros in-folio, intitulés : Biographie générale des hommes du siècle. Ils sont dans l’armoire de droite.

Le père Absinthe s’empressa d’obéir, et dès qu’il fut en possession de ses volumes, le père Tabaret se mit à les feuilleter d’une main fiévreuse non sans annoncer, comme toujours quand on cherche un mot dans le dictionnaire.

— Esbayron !… bredouillait-il, Escars…, Escayrac…, Escher…, Escodica… Enfin nous y voici ! Escorval !… Écoute-moi bien, mon fils, et la lumière se fera dans ta cervelle.

Point n’était besoin de la recommandation. Jamais les facultés du jeune policier n’avaient été plus tendues.

C’est d’une voix brève, que le bonhomme lut :

Escorval (Louis-Guillaume, baron d’). — Administrateur et homme politique français, né à Montaignac, le 3 décembre 1769, d’une vieille famille de robe. Il achevait ses études à Paris, quand éclata la Révolution. Il en embrassa la cause avec toute l’ardeur de la jeunesse. Mais, épouvanté bientôt des excès qui se commettaient au nom de la liberté, il se rangea du côté de la réaction, conseillé peut-être par Rœderer, qui était un ami de sa famille.