Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/89

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crits que je n’ai jamais vus. Mais je suis prêt à affirmer qu’il n’a jamais fait partie du 2e bataillon, qui est le mien, de la compagnie des voltigeurs dont je suis le sergent-major.

Lecoq, resté à l’écart jusque-là, s’avança.

— Peut-être serait-il bon, dit-il, de voir le numéro matricule des effets de cet homme.

— L’idée est bonne, approuva le sergent.

— Voici toujours son képi, ajouta le jeune policier, il porte au fond le numéro 3,129.

On suivit le conseil de Lecoq, et il fut reconnu que chacune des pièces de l’habillement de cet infortuné, était timbrée d’un numéro différent.

— Parbleu !… murmura le sergent, il en a de toutes les paroisses… C’est singulier tout de même !…

Invité à vérifier scrupuleusement ses assertions, le brave troupier redoubla d’application, rassemblant par un effort toutes ses facultés intellectuelles.

— Ma foi !… dit-il enfin, je parierais mes galons qu’il n’a jamais été militaire. Ce particulier doit être un pékin qui se sera déguisé comme cela par farce, à l’occasion du dimanche gras.

— À quoi reconnaissez-vous cela !…

— Dame !… je le sens mieux que je ne puis l’expliquer. Je le reconnais à ses cheveux, à ses ongles, à sa tenue, à un certain je ne sais quoi, enfin à tout et à rien… Et tenez, le pauvre diable ne savait seulement pas se chausser, il a lacé ses guêtres à l’envers.

Il n’y avait évidemment plus à hésiter après ce témoignage, qui venait confirmer la première observation de Lecoq.