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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/94

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Or, nulle arme n’avait été retrouvée, autre que le revolver, dont la crosse n’était pas assez forte pour produire une telle blessure.

Il fallait donc, de toute nécessité, qu’il y ait eu une lutte corps à corps entre le faux soldat et le meurtrier, et que ce dernier, saisissant son adversaire par le cou, lui eût fracassé la tête contre le mur.

La présence d’ecchymoses très-petites et très-nombreuses autour du cou donnait à ces conclusions une vraisemblance absolue.

Ils ne relevèrent d’ailleurs aucune autre lésion ; pas une contusion, pas une égratignure, rien.

Ne devenait-il pas dès-lors évident, que cette lutte si acharnée, mortelle, avait dû être excessivement courte.

Entre l’instant où la ronde avait entendu un cri et le moment où Lecoq avait vu par la découpure du volet tomber la victime, tout avait été consommé.

L’examen des deux autres individus « homicidés, » pour parler la langue de la médecine légale, exigeait des précautions différentes sinon plus grandes.

Leur position avait été respectée ; ils gisaient en travers de la cheminée comme ils étaient tombés, et leur attitude devait fournir des indices précieux.

Elle était telle, cette attitude, qu’il ne pouvait même tenir à l’idée que leur mort n’eût pas été instantanée.

Tous deux étaient étendus sur le dos, les jambes allongées, les mains largement ouvertes.

Pas de crispations, de torsions de muscles, nulle trace de combat, ils avaient été foudroyés.

Leur physionomie, à l’un et à l’autre, exprima l’épouvante arrivée à son paroxysme. Ce qui devait faire