Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/118

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ponse de Marie-Anne ? Elle t’a bien dit que si son père donnait son consentement à votre mariage, elle refuserait le sien ?…

— Elle me l’a dit.

— Et elle t’aime ?

— J’en suis sûr.

— Tu ne t’es pas mépris au ton de M. Lacheneur, quand il t’a dit : Mais va-t-en donc, petit malheureux !…

— Non.

M. d’Escorval demeura un moment pensif.

— C’est à confondre la raison, murmura-t-il.

Et, si bas que son fils ne put l’entendre, il ajouta :

— Je verrai Lacheneur demain, et il faudra bien que ce mystère s’explique.

XVI


La maison où s’était réfugié M. Lacheneur était située tout au haut des landes de la Rèche.

C’était bien, ainsi qu’il l’avait dit, une masure étroite et basse ; mais elle n’était guère plus misérable que le logis de beaucoup de paysans de la commune.

Elle se composait d’un rez-de-chaussée divisé en trois chambres et était couverte en chaume.

Devant était un petit jardin d’une vingtaine de mètres, où végétaient quelques arbres fruitiers, des choux jaunis et une vigne dont les brins couraient le long de la toiture.

Ce n’était rien, ce jardinet. Eh bien ! sa conquête sur un sol frappé de stérilité, avait exigé de la défunte tante de Lacheneur des prodiges de courage et de ténacité.

Pendant les vingt dernières années de sa vie, cette