guerre, rien qu’avec les ambitieux qui avaient tenté l’aventure.
Malheureusement, si dans le nombre quelques-uns convenaient assez à M. de Courtomieu, nul n’avait eu l’heur de plaire à Mlle Blanche.
Son père lui présentait-il quelque prétendant, elle l’accueillait gracieusement, elle se parait pour lui de toutes ses séductions ; mais dès qu’il avait tourné les talons, d’un seul mot qu’elle laissait tomber de la hauteur de ses dédains, elle l’écartait.
— Il est trop petit, disait-elle, ou trop gros… il n’est pas assez noble… Je le crois fat… Il est sot… son nez est mal fait !…
Et à ces jugements sommaires, pas d’appel. On eût vainement insisté ou discuté. L’homme condamné n’existait plus.
Cependant, la revue des prétendants l’amusant, elle ne cessait d’encourager son père à des présentations, et le pauvre homme battait le pays avec un acharnement qui lui eût valu des quolibets s’il eût été moins riche.
Il désespérait presque, quand la fortune ramena à Sairmeuse le duc et son fils. Ayant vu Martial, il eut le pressentiment de la libération prochaine.
— Celui-là sera mon gendre, pensa-t-il.
Le marquis professait ce principe qu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Aussi, dès le lendemain, laissait-il entrevoir ses vues au duc de Sairmeuse.
L’ouverture venait à propos.
Arrivant avec l’idée de se créer à Sairmeuse une petite souveraineté, le duc ne pouvait qu’être ravi de s’allier à la maison la plus ancienne et la plus riche du pays après la sienne.
La conférence de ces deux vieux gentilshommes fut courte.
— Martial, mon fils, dit le duc, a de son chef cent mille écus de rentes…
— J’irai, pour ma fille, jusqu’à… oui, jusqu’à quinze cent mille francs, prononça le marquis.