Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/150

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tagerai ses dangers et ses espérances, il lui sera impossible de me refuser encore sa fille. Quoi qu’il veuille entreprendre, je vaux bien Chanlouineau…

De là à prendre la résolution d’aller offrir ses services à Lacheneur, il n’y avait qu’un pas, Maurice le franchit, et de ce moment il ne songea plus qu’à tout faire pour hâter sa convalescence.

Elle fut prompte, l’espoir a des vertus merveilleuses, rapide à étonner l’abbé Midon qui remplaçait le docteur de Montaignac.

— Jamais je n’aurais cru que Maurice pût se consoler ainsi, disait Mme d’Escorval, toute heureuse de voir son fils se reprendre à aimer la vie.

Mais le baron ne répondait pas. Il tenait pour suspect ce rétablissement presque miraculeux, il était assailli de défiances…

Inquiet, il interrogea son fils, mais si habilement qu’il s’y prit, il n’en put rien tirer.

Maurice, que la seule tentation d’un mensonge faisait rougir jusqu’aux oreilles, trouva au service de ses projets l’imperturbable dissimulation d’un vieux diplomate.

Il avait décidé qu’il ne dirait rien à ses parents. À quoi bon les inquiéter !… D’un autre côté, il redoutait des remontrances, sentant bien que plutôt que de subir des empêchements il déserterait la maison paternelle…

Enfin, vers la seconde semaine de septembre, l’abbé Midon déclara que Maurice pouvait reprendre sa vie habituelle, et que même, le temps se maintenant au beau, quelques exercices violents lui seraient favorables.

Volontiers, Maurice eût embrassé le digne prêtre.

— Quel bonheur !… s’écria-t-il, je vais donc pouvoir chasser !

La chasse, jusqu’alors, lui avait médiocrement plu, mais il jugeait utile d’afficher cette passion qui pouvait lui fournir de perpétuels prétextes d’absence.

Jamais il ne s’était senti si heureux que le matin où