Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/209

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Armés des pouvoirs les plus étendus, le duc de Sairmeuse et le marquis de Courtomieu avaient fait fermer toutes les portes de Montaignac, hormis une seule.

Par cette porte devaient passer ceux qui voulaient entrer ou sortir, et il s’y trouvait deux officiers qui examinaient les allants et venants, qui les interrogeaient, et qui, même, prenaient par écrit les noms et les signalements.

Au nom d’Escorval, ces deux officiers eurent un tressaillement trop visible pour échapper à Maurice.

— Ah !… vous savez ce qu’est devenu mon père !… s’écria-t-il.

— Le baron d’Escorval est prisonnier, monsieur, répondit un des officiers.

Si préparé que dût être Maurice à cette réponse, il pâlit.

— Est-il blessé ? reprit-il vivement.

— Il n’a pas une égratignure !… mais entrez, monsieur, passez !…

Aux regards inquiets de ces officiers, on eût dit qu’ils craignaient de se compromettre en causant avec le fils d’un si grand coupable. Peut-être, en effet, se compromettaient-ils.

La voiture roula, et elle ne s’était pas avancée de cent mètres dans la Grand’Rue, que déjà l’abbé Midon et Maurice avaient remarqué plusieurs affiches blanches collées aux murs…

— Il faut savoir ce que c’est, dirent-ils ensemble.

Ils firent arrêter la voiture près d’une affiche devant laquelle stationnait déjà un lecteur, ils descendirent et lurent cet ARRÊTÉ :

Article Ier. Les habitants de la maison dans laquelle sera trouvé le sieur Lacheneur seront livrés à une commission militaire pour être passés par les armes.

Article ii. Il est accordé à celui qui livrera mort ou vif ledit sieur Lacheneur, une somme de 20,000 francs pour gratification.

Cela était signé : duc de Sairmeuse.