Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/271

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— Comment est la fenêtre de la chambre du baron ? continua Martial.

— Assez grande… haute surtout… elle n’a pas d’abat-jour comme les fenêtres des cachots, mais elle est garnie de deux rangs de barres de fer croisées et scellées profondément dans le mur.

— Bast !… on vient aisément à bout d’une barre de fer avec une bonne lime… de quel côté ouvre cette fenêtre ?

— Elle donne sur la campagne.

— C’est-à-dire sur le précipice… Diable !… c’est une difficulté cela… il est vrai que d’un autre côté c’est un avantage. Place-t-on des factionnaires au pied de cette tour ?…

— Jamais… À quoi bon… Entre la maçonnerie et le rocher à pic, il n’y a pas la place de trois hommes de front… Les soldats, même en plein jour, ne se hasardent pas sur cette banquette qui n’a ni parapet, ni garde-fou.

Martial s’arrêta, cherchant s’il n’oubliait rien.

— Encore une question importante, reprit-il. À quelle hauteur est la fenêtre de la chambre de M. d’Escorval ?

— Elle est à quarante pieds environ de l’entablement…

— Bon !… Et de cet entablement au bas du rocher, combien y a-t-il ?

— Ma foi !… je ne sais pas trop… Une soixantaine de pieds au moins.

— Ah !… c’est haut !… c’est terriblement haut !… Le baron, par bonheur, est encore leste et vigoureux… puis il n’y a pas d’autre moyen.

Il était temps que l’interrogatoire finît, M. de Sairmeuse commençait à s’impatienter.

— Maintenant, dit-il à son fils, me ferez-vous l’honneur de m’expliquer votre plan.

Après avoir mis, en commençant, une certaine âpreté à ses questions, Martial, insensiblement, était revenu à ce ton railleur et léger qui avait le don d’exaspérer si fort M. de Sairmeuse.