moi, monsieur le marquis, nous pouvons nous confier à lui sans crainte.
Si elle parlait ainsi, elle qui eût donné sa vie pour le salut du baron, c’est que sa certitude était complète, absolue.
Ainsi pensa Martial.
— Je m’adresserai donc à cet homme, fit-il, comment le nommez-vous ?
— Il s’appelle Bavois et il est caporal à la 1re compagnie des grenadiers de la légion de Montaignac.
— Bavois !… répéta Martial, comme pour se bien fixer ce nom dans la mémoire, Bavois !… Mon père trouvera bien quelque prétexte pour le faire appeler.
— Oh ! le prétexte est tout trouvé, monsieur le marquis. C’est ce brave soldat qui avait été laissé en observation à Escorval, après la visite domiciliaire…
— Tout va donc bien de ce côté, fit Martial, poursuivons…
Il s’était levé et il était allé s’adosser à la cheminée, se rapprochant ainsi de son père.
— Je suppose, monsieur, commença-t-il, que le baron d’Escorval a été séparé des autres condamnés…
— En effet… il est seul dans une chambre spacieuse et fort convenable.
— Où est-elle située, je vous prie ?
— Au second étage de la tour plate.
Mais Martial n’était pas aussi bien que son père au fait des êtres de la citadelle de Montaignac ; il fut un moment à chercher dans ses souvenirs.
— La tour plate, fit-il, n’est-ce pas cette tour si grosse qu’on aperçoit de si loin, et qui est construite à un endroit où le rocher est presque à pic ?
— Précisément.
À l’empressement que M. de Sairmeuse mettait à répondre, empressement bien loin de son caractère si fier, il était aisé de comprendre qu’il était prêt à tenter beaucoup pour la délivrance du condamné à mort.