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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/278

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Il le ramassa vivement, le déplia et lut :

« Vos amis veillent… Tout est prêt pour votre évasion… Hâtez-vous de scier les barreaux de votre fenêtre… Maurice et sa mère vous embrassent… Espoir, courage ! »

Au-dessous de ces quelques lignes, pas de signature, un M.

Mais le baron n’avait pas besoin de cette initiale pour être rassuré. Il avait reconnu l’écriture de l’abbé Midon.

— Ah ! celui-là est un véritable ami, murmura-t-il.

Puis, le souvenir des déchirements de son âme lui revenant :

— Voilà donc, pensa-t-il, pourquoi ni ma femme ni mon fils ne venaient veiller ma dernière veille !… Et je doutais de leur énergie, et je me plaignais de leur abandon !…

Une joie immense le pénétrait, il porta à ses lèvres cette lettre qui lui annonçait la vie, la liberté, et résolument il se dit :

— À l’œuvre !… à l’œuvre !…

Il avait choisi la plus fine des deux limes et il allait attaquer les énormes barreaux quand il lui sembla qu’on ouvrait la porte de la chambre voisine.

On l’ouvrait, positivement… On la referma, mais non à la clef… Puis on marcha avec une certaine précaution. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Était-ce quelque nouvel accusé qu’on emprisonnait, ou mettait-on là un espion ?

Prêtant l’oreille, le baron entendait un bruit absolument inconnu et dont il lui était absolument impossible d’expliquer la cause.

Inquiet, il s’avança à pas muets jusqu’à l’ancienne porte de communication, s’agenouilla et appliqua son œil à l’un des interstices de la légère maçonnerie…

Ce qu’il vit, dans l’autre chambre, faillit lui arracher un cri de stupeur.

Dans un des angles, un homme était debout, éclairé par une grosse lanterne d’écurie placée à ses pieds.