Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/361

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Elle le voulait, disant que qui a commis la faute doit se résigner au châtiment et à l’humiliation…

Maurice frémissait à l’idée seule des mépris qui attendent une pauvre jeune fille séduite, la suppliait, la conjurait, les larmes aux yeux, de dissimuler, de se cacher…

— Notre certificat de mariage, disait-il, n’imposerait pas silence aux méchants… Que de misères alors !… Il faut cacher ce qui est, il le faut !… Nous ne rentrons en France que pour quelques jours, sans doute.

Malheureusement, Marie-Anne céda.

— Vous le voulez, dit-elle, j’obéirai, personne ne saura rien…

Le lendemain, qui était le 17 avril, à la tombée de la nuit, les fugitifs arrivaient à la ferme du père Poignet.

Maurice et le caporal Bavois étaient déguisés en paysans…

Le vieux soldat avait fait à la sûreté commune un sacrifice qui lui avait tiré une larme :

Il avait coupé sa moustache.

XXXVII


C’est entre l’abbé Midon et Martial de Sairmeuse, le soir, sur la place d’Armes de Montaignac, qu’avaient été discutées et arrêtées les conditions de l’évasion du baron d’Escorval.

Une difficulté tout d’abord s’était présentée qui avait failli rompre la négociation :

— Rendez-moi ma lettre, disait Martial, et je sauve le baron.

— Sauvez le baron, répondait l’abbé, et votre lettre vous sera rendue.