Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voulait-il donc dire :

— Je ne ferai rien ; mais là vous trouveriez du poison…

M. d’Escorval le comprit ainsi, car c’est avec l’accent de la reconnaissance qu’il murmura :

— Merci !…

Persuadé que désormais il était le maître de sa vie, qu’il aurait du poison sous la main s’il était découvert, le baron respirait librement.

De ce moment, sa situation, si longtemps désespérée, s’améliora visiblement et d’une façon soutenue.

— Je me moque à cette heure de tous les Sairmeuse du monde, disait-il avec une gaieté qui certes n’était pas feinte, je puis attendre paisiblement mon rétablissement.

De son côté, l’abbé Midon reprenait confiance. Les jours s’écoulaient et ses sinistres appréhensions ne se réalisaient pas.

Loin de provoquer un redoublement de sévérités, l’imprudence affreuse de Maurice et de Jean Lacheneur avait été comme le point de départ d’une indulgence universelle.

On eût dit un parti pris des autorités de Montaignac d’oublier et de faire oublier, s’il était possible, la conspiration de Lacheneur et les abominables représailles dont elle avait été le prétexte.

Maintenant, toutes les nouvelles qui parvenaient à la ferme, calmaient une inquiétude, ou étaient une garantie de sécurité.

On sut d’abord, par un colporteur, que Maurice et le brave caporal Bavois avaient réussi à gagner le Piémont.

De Jean Lacheneur, il n’en était pas question, on supposait qu’il n’avait pas quitté le pays, mais on n’avait aucune raison de craindre pour lui, puisqu’il n’était porté sur aucune des listes de poursuites…

Plus tard, on apprit que M. de Courtomieu venait de