Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/402

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part de l’abbé, de quelque commission qu’il ne pouvait faire.

Oui, elle se fût trouvée presque heureuse, si elle eût pu avoir des nouvelles de Maurice… Qu’était-il devenu ?… Comment ne donnait-il pas signe de vie ?… Que n’eût-elle pas donné pour un conseil de lui…

C’est que le moment approchait où il allait lui falloir un confident, des secours, des soins… et elle ne savait à qui se confier.

En cette extrémité, et lorsque véritablement elle perdait la tête, elle se souvint de ce vieux médecin qui avait reconnu son état à Saliente, qui lui avait témoigné un si paternel intérêt, et qui avait été un des témoins de son mariage à Vigano.

— Celui-là me sauverait, s’écria-t-elle, s’il savait, s’il était prévenu !…

Elle n’avait ni à temporiser ni à réfléchir ; elle écrivit sur-le-champ au vieux médecin et chargea un jeune gars des environs de porter sa lettre à Vigano.

— Le monsieur a dit que vous pouviez compter sur lui, dit à son retour le jeune commissionnaire.

Ce soir-là, en effet, Marie-Anne entendit frapper à sa porte. C’était bien cet ami inconnu qui venait à son secours…

Cet honnête homme resta quinze jours caché à la Borderie…

Quand il partit un matin, avant le jour, il emportait sous son grand manteau, un enfant, — un garçon, — dont il avait juré les larmes aux yeux de prendre soin comme de son enfant à lui…

Marie-Anne avait repris son train de vie…

Personne, dans le pays, n’eut seulement un soupçon.