Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/421

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— Je chercherai, répondit Chupin.

Il chercha en effet ; et avec ardeur, déployant toute son adresse : en vain.

D’abord toutes ses démarches étaient paralysées par les précautions qu’il prenait contre Balstain et contre Jean Lacheneur. D’un autre côté, personne dans le pays n’eût consenti à lui donner le moindre renseignement.

— Toujours rien ! disait-il à Mme Blanche à chaque entrevue.

Mais elle ne se rendait pas… La jalousie ne se rend jamais, même à l’évidence.

Mme Blanche s’était dit que Marie-Anne lui avait enlevé son mari, que Martial et elle s’aimaient, qu’ils cachaient leur bonheur aux environs, qu’ils la raillaient et la bravaient… Donc cela devait être, encore que tout lui démontrât le contraire…

Un matin, cependant, elle trouva son espion radieux.

— Bonne nouvelle !… lui cria-t-il dès qu’il l’aperçut, nous tenons enfin la coquine !

XLIII


C’était le surlendemain du jour où, sur l’ordre formel de l’abbé Midon, Marie-Anne était allée s’établir à la Borderie.

On ne s’entretenait que de cette prise de possession dans le pays, et le testament de Chanlouineau était le texte de commentaires infinis.

— Voilà la fille de M. Lacheneur avec plus de deux cents pistoles de rentes, faisaient les vieux d’un air grave, sans compter encore la maison…

— Une honnête fille n’aurait pas tant de chance que