Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/446

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Elle regarda de tous côtés, et malgré l’obscurité, elle aperçut au milieu du sentier qui allait de la Borderie à la grande route, un homme chargé d’objets qu’elle ne distinguait pas…

Presque aussitôt, une femme, Marie-Anne, certainement, sortit de la maison et marcha à la rencontre de l’homme.

Ils ne se dirent que deux mots, et rentrèrent ensemble à la Borderie. Puis, l’homme ressortit, sans son fardeau, et s’éloigna.

— Qu’est-ce que cela signifie !… murmurait Mme Blanche.

Patiemment, pendant plus d’une demi-heure, elle attendit, et comme rien ne bougeait :

— Approchons, dit-elle à tante Médie, je veux regarder par les fenêtres.

Elles approchèrent, en effet, mais au moment où elles arrivaient dans le petit jardin, la porte de la maison s’ouvrit si brusquement qu’elles n’eurent que le temps de se blottir contre un massif de lilas…

Marie-Anne sortait sans fermer sa porte à clef, l’imprudente. Elle descendit le petit sentier, gagna la grande route et disparut…

MmeBlanche, alors, saisit le bras de tante Médie, et le serrant à la faire crier :

— Attends-moi ici, lui dit-elle d’une voix rauque et brève, et quoi qu’il arrive, quoi que tu entendes, si tu veux finir tes jours à Courtomieu, pas un mot, ne bouge pas, je reviens…

Et elle entra dans la Borderie…

Marie-Anne, en s’éloignant, avait déposé un flambeau sur la table de la première pièce, Mme Blanche s’en empara, et hardiment elle se mit à parcourir tout le rez-de-chaussée.

Elle s’était fait tant de fois expliquer la distribution de la Borderie, que les êtres lui étaient familiers, elle se reconnaissait pour ainsi dire.

Et elle allait, poussée par une volonté plus forte que