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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/499

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sation de deux heures résulta pour lui une conviction étrange.

Deux personnes, outre Maurice, cherchaient l’enfant de Marie-Anne.

Pourquoi, dans quel but, quelles étaient ces personnes ? voilà ce que toute la pénétration de l’abbé ne pouvait lui apprendre.

— Ah !… les coquins sont parfois nécessaires, pensait-il, ah ! si nous avions sous la main des gens tels que les Chupin autrefois ?

Mais le vieux maraudeur était mort, et son fils aîné, celui qui savait le secret de Mme Blanche était à Paris.

Il n’y avait plus à Sairmeuse que la veuve Chupin et son second fils.

Ils n’avaient pas su mettre la main sur les vingt mille francs de la trahison, et la fièvre de l’or les travaillant, ils s’obstinaient à chercher. Et, du matin au soir, on les voyait, la mère et le fils, la sueur au front, bêcher, piocher, creuser, retourner la terre jusqu’à six pieds de profondeur autour de leur masure.

Cependant il suffit d’un mot d’un paysan au cadet Chupin pour arrêter ces fouilles.

— Vrai, mon gars, lui dit-il, je ne te croyais pas si benêt que de t’obstiner à dénicher des oiseaux envolés depuis longtemps… ton frère qui est à Paris te dirait sans doute où était le trésor.

Chupin cadet eut un rugissement de bête fauve…

— Saint-bon Dieu !… s’écria-t-il, vous avez raison… Mais, laissez faire, je vais gagner de quoi faire le voyage, et on verra…