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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/550

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en rentrant à l’hôtel, il envoya Otto aux informations. Il pouvait tout confier, à ce serviteur si dévoué, il n’avait pas de secrets pour lui.

Sur les quatre heures, le fidèle valet de chambre reparut, la figure bouleversée.

— Quoi ?… fit Martial, devinant un malheur.

— Ah ! monseigneur, la maîtresse de ce bouge est la veuve d’un fils de ce misérable Chupin…

Martial était devenu plus blanc que sa chemise…

Il connaissait trop la vie pour ne pas comprendre que la duchesse en était réduite à subir la volonté de scélérats maîtres de ses secrets. Mais quels secrets ? Ils ne pouvaient être que terribles.

Les années, qui avaient argenté de fils blancs la chevelure de Martial, n’avaient pas éteint les ardeurs de son sang. Il était toujours l’homme du premier mouvement.

Enfin, d’un bond il fut à l’appartement de sa femme.

Mme la duchesse vient de descendre, lui dit la femme de chambre, pour recevoir Mme la comtesse de Mussidan et Mme la marquise d’Arlange.

— C’est bien ; je l’attendrai ici !… sortez !

Et Martial entra dans la chambre de Mme Blanche.

Tout y était en désordre, car la duchesse, de retour de la Poivrière, achevait de s’habiller, quand on lui avait annoncé une visite.

Les armoires étaient ouvertes, toutes les chaises encombrées, les mille objets dont Mme Blanche se servait journellement, sa montre, sa bourse, des trousseaux de petites clefs, des bijoux, traînaient sur les commodes et sur la cheminée.

Martial ne s’assit pas, le sang-froid lui revenait.

— Pas de folie, pensait-il, si j’interroge, je suis joué !… Il faut se taire et surveiller.

Il allait se retirer, quand, parcourant la chambre de l’œil, il aperçut, dans l’armoire à glace, un grand coffret à incrustations d’argent, que sa femme possédait déjà