Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/114

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— Soyez tranquille, j’ai là ce qu’il faut pour vous satisfaire. »

La réponse de l’Indien mit fin à la conversation. Il entra dans la hutte suivi de Clara.

Un feu clair de broussailles ne tarda pas à pétiller sur la pierre du foyer ; quand il ne resta plus que des braises, Costal y jeta quelques lambeaux de viande séchée au soleil, et bientôt, au milieu du sentiment profond de la sécurité qu’ils goûtaient sur le sommet de la colline, les deux associés se mirent à savourer leur frugal repas.

Après, ils s’étendirent sur le sol et se laissèrent bercer au bruit toujours plus rapproché de l’inondation.

Ils dormaient, déjà, et le grondement qui précédait les eaux quand elles envahirent la plaine de leurs fougueux tourbillons n’eut pas le pouvoir de les arracher à leur sommeil. Cependant Clara s’agitait de temps en temps, en croyant entendre le rugissement des jaguars qui l’avaient si fort effrayé se mêler aux mugissements des eaux, dont il avait une perception confuse.

S’il eût été éveillé, il eût vu, en effet, la sauvage famille des tigres raser en bondissant le pied du cerro de la Mesa. Les quatre animaux rugirent en sentant que deux hommes en occupaient le sommet ; mais, remplis d’une terreur profonde par les eaux qui les poursuivaient, et auxquelles leur légèreté seule pouvait les faire échapper, ils passèrent outre et ne tardèrent pas à disparaître en précédant la masse liquide, dont la course égalait presque la rapidité de la leur.

Nous profiterons du sommeil de l’Indien et du nègre pour retourner un instant vers le pauvre étudiant don Cornelio Lantejas, après l’avoir si longtemps négligé, et clore ainsi les événements de cette journée, qu’a ouverte le récit de ses aventures.

Nous l’avons laissé dormant dans le hamac que sa bonne étoile lui avait fait rencontrer si à propos.

Tout à coup il s’éveilla en sursaut, les membres gla-