Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/12

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celui qui rend les autres heureux l’est aussi par cela même…

« … Adieu, mon enfant chéri, je t’embrasse avec une tendresse infinie.

« Ton père, G. F. »


Le 2 janvier 1852, il prenait passage à bord de l’Amazone, magnifique paquebot de la compagnie anglaise.

Quarante-huit heures après, on venait à peine de perdre de vue les côtes d’Angleterre que l’incendie envahissait le navire. Deux chaloupes où l’on se précipita pêle-mêle furent submergées ; une troisième ne contint plus que vingt passagers, mais Gabriel Ferry n’y était pas !

Il avait prévu et constaté le sort des deux premières embarcations, il ne s’était point hâté de profiter de la dernière chance de salut, et quand cette barque fut pleine, il répondit à ceux qui le pressaient d’y prendre place :

« Mourir pour mourir, j’aime autant rester ici ! »

Il prit ce parti avec une tranquillité extraordinaire, peut-être avec le sentiment secret d’un héroïque dévouement. On le lui a attribué. Sa fermeté d’âme durant les angoisses du drame de l’incendie a autorisé ses compagnons à le penser et à le dire, car cette terrible et noble mort est déjà passée à l’état de légende.