Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brasser mes pauvres enfants pour la dernière fois de bien longtemps.

« J’ai gardé cet affreux crève-cœur pour moi seul et je n’ai pas voulu vous le faire partager.

« Je te dirai que je suis parti sans M. B. qui n’a dû partir que mercredi. J’étais seul dans mon wagon et c’est seul que j’ai traversé 70 lieues de glaces et de neige, et l’aspect de cette nature lugubre joint à ma solitude n’était pas fait pour dissiper ma mélancolie.

« Je n’ai pu manger de toute la journée, quand je me suis trouvé seul, loin de vous, après avoir traversé la mer le soir même.

« Comme j’étais triste, bon Dieu ! je n’ai pu qu’à peine prendre une tasse de thé avec du pain et du beurre.

« J’ai passé la nuit à Douvres en Angleterre, et le matin à six heures je suis parti pour Londres où je n’ai pu rester que dix minutes, puis à deux heures je suis arrivé ici.

« J’écris à ta mère pour que le 10 elle porte ses lettres chez M. Marzion. Il y en aura une de toi, cher enfant, j’y compte bien, et ne va pas faire le paresseux.

« Te voilà donc, cher petit, par l’absence de ton père, le chef de ta famille en qualité d’aîné, ne donne à ta maman que des sujets de satisfaction, et en faisant ton bonheur tu feras le sien propre ; Dieu veut ainsi que du bien naisse toujours le bien et que