Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/125

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nécessité de faire aux créoles mexicains les concessions politiques que leur avait accordées don José Iturrigaray, dans l’intérêt même de l’Espagne. Il avait donc applaudi aux mesures libérales prises par le vice-roi, auquel il était tout dévoué, et quand l’exécution de ces mesures eut causé sa chute, don Luis, pensant avec raison que ce désastre venait de briser pour toujours les liens qui attachaient les créoles aux Espagnols, avait donné sa démission de capitaine de la garde d’Iturrigaray et s’était retiré dans son hacienda del Valle.

Cette hacienda était située sur le revers des collines à la base desquels s’élevait celle de don Mariano Silva. Tous deux s’étaient connus à Mexico, et le voisinage avait resserré les liens d’une amitié passagère.

Aussitôt que l’insurrection d’Hidalgo eut éclaté, don Luis s’empressa d’envoyer un exprès à son fils pour le mander près de lui. Don Rafael avait obtenu un congé et se rendait à l’ordre de son père, quand il rencontra l’étudiant, comme nous l’avons vu dans le premier chapitre. Toutefois, il ne pensait pas manquer à l’obéissance filiale en passant un jour ou deux à las Palmas, où il se dirigeait alors.

Pendant près de trois mois que don Mariano avait passés à Mexico, dans le courant de l’année précédente, le jeune officier avait ébauché avec doña Gertrudis (Marianita était restée à Oajaca, chez une de ses proches parentes) un de ces romans d’amour auxquels la conformité d’âge, la parité des positions sociales et des fortunes, les convenances, en un mot, ne tardent pas à faire succéder la réalité prosaïque du mariage. Une brusque absence, commandée par les exigences du service militaire, pendant laquelle don Mariano quitta aussi Mexico subitement, avait seule empêché un dénoûment semblable de s’accomplir.

Don Rafael n’avait pas, il est vrai, déclaré formellement sa passion à celle qui en était l’objet ; mais il avait