Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/145

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don Rafael, tout en donnant l’ordre qu’on sellât promptement son cheval, lui eut communiqué le triste message. Mais, ce matin, il est venu avec Clara, un nègre que je ne regrette guère, prendre congé de moi, en se démettant de ses fonctions de tigrero, et m’annoncer qu’ils partaient tous deux pour aller offrir leurs services à Hidalgo, en qualité de batteurs d’estrade. Holà, continua l’hacendero, qu’on mande le mayordomo. »

Le majordome arriva peu d’instants après.

On se tromperait étrangement en supposant à ce mayordomo une cravate blanche, une perruque poudrée et une baguette à la main. L’homme chargé de la surveillance générale d’une hacienda, qui quelquefois a autant d’étendue qu’un de nos départements, doit être un cavalier infatigable, toujours en selle ou prêt à y sauter.

Le mayordomo descendait de cheval à l’instant où don Mariano le fit mander. C’était un grand gaillard, à la figure bronzée, botté et éperonné, et forcé, par l’énorme largeur des mollettes de ses éperons, de marcher sur l’extrême pointe du pied. Sa chevelure en désordre descendait en longues mèches noires sur son cou, pareille à la crinière des chevaux à moitié sauvages, sur lesquels il montait tout le jour.

« Donnez l’ordre à deux de mes vaqueros, Bocardo et Arroyo, de seller tout de suite leurs chevaux pour accompagner le seigneur don Rafael.

— Il y a huit jours que je n’ai vu ni Arroyo ni Bocardo, reprit le majordome.

— Vous leur infligerez quatre heures de cepo[1] à chacun, à leur retour.

— Je doute qu’ils reviennent, seigneur don Mariano,

— Ont-ils donc été joindre Valdès ?

— Je soupçonne, reprit le majordome, que ces deux garnements, que vous ne devez pas regretter, ont été

  1. Cep.