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Tres-Villas, eut quitté l’hacienda de las Palmas, deux hommes se trouvaient en face, l’un de l’autre : le premier assis devant une table boiteuse, couverte de papiers et de cartes géographiques ; le second, respectueusement debout, son chapeau militaire à la main.

C’était sous la moins mauvaise et la plus vaste tente d’un camp retranché sur les bords de la rivière Sabana, à une petite distance d’Acapulco, quelques heures avant le coucher du soleil.

Le personnage assis, dont nous ne ferons pas le portrait, car on le connaît déjà, avait la tête couverte d’un mouchoir de coton à carreaux et une jaquette de batiste blanche sur les épaules : c’était le général don José-Maria Morelos, qu’on ne retrouvera pas, sans quelque surprise, commandant des troupes insurgées et assiégeant cette ville d’Acapulco, qu’on l’avait ironiquement chargé de prendre.

Toutefois, malgré les brusques changements qu’apportent les guerres civiles dans la position de certains hommes, ce n’est pas sans un grand étonnement que, dans le personnage debout et assez élégamment emprisonné dans un uniforme de lieutenant de cavalerie, nous retrouverons le timide étudiant en théologie, don Cornelio Lantejas.

Il tenait une lettre à la main et sa contenance était fort embarrassée.

« Eh quoi ! ami don Cornelio, vous songez à nous quitter ? lui dit le général avec un sourire de bonté qui lui fit monter le rouge au visage.

— C’est la nécessité qui m’y force, mon général ; sans quoi… Lantejas n’acheva pas, car il mentait, et il avait honte de son mensonge ; il reprit : Je ferais bon marché des intérêts de famille ; mais, je dois l’avouer à Votre Excellence, je n’ai pas de goût pour le métier de soldat ; j’étais né pour être curé, et, à présent que le succès couronne vos armes, j’ai hâte de reprendre mes études