Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/157

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et d’entrer dans la carrière vers laquelle me poussent mes inclinations.

Viva Cristo ! s’écria Morelos, vous êtes un trop vaillant champion de l’Église militante pour que je vous laisse ainsi partir. Comme ce brave serviteur d’un roi de France, dont je ne me rappelle plus bien le nom, vous seriez homme à vouloir vous pendre, si je prenais Acapulco sans vous. Je refuse. Cela vous contrarie, je le vois, ajouta le général pour alléger le désappointement de l’officier. Je refuse, parce que je suis trop satisfait de vos services ; vous êtes le premier soldat qui se soit joint à moi. Savez-vous ce qu’on dit ? que les trois plus braves de notre petite armée sont don Hermenegildo Galeana, Manuel Costal et vous. Et tenez, ce qui vous rend encore plus digne de mon affection et de mon estime, c’est que vous choisissez précisément pour me quitter le moment où la fortune semble me combler de plus de faveurs, tout à l’opposé de ceux qui ne quittent que des amis malheureux. Le capitaine don Francisco Gonzalès a été tué à l’affaire de Tonaltepec, vous le remplacerez ; allez, capitaine ! »

Le nouveau capitaine s’inclina en silence.

Nous dirons tout à l’heure quelle fatalité avait jeté l’étudiant sous la bannière de l’insurrection, et comment, par suite d’apparences dont tant d’autres se trouvent si fréquemment victimes, et qu’il trouvait d’une partialité désespérante à son égard, le pacifique Lantejas se voyait transformé en un guerrier d’importance, dont l’insurrection et le vice-roi se disputaient le bras. Il allait sortir, quand Morelos se ravisa.

« Restez, capitaine, lui dit-il ; j’ai encore à vous parler. Vous avez, m’a-t-on dit, des relations de famille à Tehuantepec ; j’ai besoin, pour remplir une mission là-bas, d’un homme d’action et de bon conseil ; j’ai pensé à vous pour vous y envoyer, toutefois quand j’aurai pris Acapulco, ce qui, j’espère, ne tardera pas. »