Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/164

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L’aveu de sa poltronnerie (toutefois l’ancien étudiant en théologie pouvait, en un cas donné, ne pas manquer de courage) fut sur le point d’échapper aux lèvres du capitaine. Costal ne lui en laissa pas le temps.

« Oui, oui, vous êtes comme Clara, quoique plus vaillant encore que lui, et il lui faudra du temps pour se familiariser avec les tigres ; mais, tenez ! si là-bas, sur cette belle grève unie, vous voyez tout à coup, au lieu d’un lamentin, une belle créature, une femme, tordre, en chantant, ses longs cheveux ruisselants d’eau, et que cette femme, quoique visible à votre œil, ne fût qu’un esprit impalpable, que feriez-vous ?

— Une chose bien simple, j’aurais une peur horrible ! dit naïvement don Cornelio.

— Alors, je n’ai plus rien à vous dire. Je cherchais pour une certaine course un compagnon plus brave que Clara ; je me contenterai du nègre. J’avais espéré que vous… enfin n’en parlons plus. »

L’Indien n’ajouta pas un mot ; sous l’influence d’une terreur vague suscitée par les demi-confidences de Costal, l’officier se tut aussi, et tous deux, dans l’attente de la prise de la citadelle, continuèrent à regarder silencieusement l’immense et mystérieux Océan, dont la présence du lamentin animait seule la vaste solitude.



CHAPITRE II

OÙ L’ÉTUDIANT EN THÉOLOGIE VEUT MARCHER SUR MADRID.


Nous avons un peu négligé le récit des aventures de don Cornelio Lantejas, pour ne pas interrompre le cours d’autres événements. Pendant qu’il attend avec Costal