Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/165

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le résultat de la trahison de l’artilleur galicien, c’est le moment de faire connaître comment l’économie paternelle, dont nous l’avons entendu se plaindre déjà, non sans quelque raison, l’avait jeté de nouveau dans une série de dangers auprès desquels ceux que lui avaient fait courir les tigres et les serpents à sonnettes enlacés au-dessus de son hamac n’étaient, comme dit Sancho, que tortas y pan pintado[1].

L’étudiant, muni d’un bon cheval, don de la munificence de don Mariano Silva, n’avait pas tardé à regagner la maison de son père, trop rapidement même ; car si, cette fois comme la première, son voyage eût duré deux mois, les circonstances eussent été tout autres pour lui.

Ses études étaient depuis longtemps terminées, et, comme il se disposait à aller à Valladolid pour y soutenir sa thèse et se faire conférer les ordres, son père jugea à propos de mettre à sa disposition une mule ombrageuse et rétive, qu’il avait troquée, avec un bon retour, contre le cheval donné par don Mariano.

L’étudiant se mit en route, emportant la bénédiction paternelle et une foule de recommandations de ménager sa mule et de se bien garder de la souillure de l’insurrection.

Les rares maisons du bourg de Caracuaro se dessinaient dans l’éloignement devant lui, lorsque, de détour en détour, il se trouva en face d’une cavalcade composée de trois cavaliers. C’était deux jours après son départ. L’étudiant était occupé à repasser dans sa mémoire les éléments de théologie qu’il s’était fourrés dans la tête à grand renfort de livres, et qu’il lui semblait avoir complètement oubliés depuis qu’il était en voyage.

Dans le moment où il songeait le moins à maintenir

  1. Ce qui peut se traduire par : n’étaient que des roses.