Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/175

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dait les sons guerriers de la trompe de l’Indien. Il s’arma de tout le courage qu’il put réveiller en lui-même, et descendit prendre son rang pour le départ.

La première personne qu’il rencontra fut le terrible Galeana, et il trembla qu’un de ses regards perçants ne découvrît le cœur du lièvre sous la peau du lion ; heureusement, le vaillant guerrier avait bien autre chose à faire qu’à scruter la pensée d’un obscur alferez, et tout le monde fut dupe de la contenance martiale que Lantejas sut se donner. L’unique pièce d’artillerie tonna une dernière fois, et tous quittèrent en bon ordre l’hacienda de San-Luis.

D’autres partisans, à peu près au nombre de mille, complètement armés, étaient venus se joindre à Morelos pendant la nuit ; tous furent bientôt, grâce à l’instinct guerrier qui s’éveillait chez le curé de Caracuaro, disciplinés comme jamais troupe d’insurgés ne l’avait été jusqu’alors.

Déjà la prise d’Acapulco paraissait ne plus être le rêve d’un esprit malade, et, après de longs jours d’une marche pénible, nous trouvons Morelos sur les bords de l’océan Pacifique, en vue de la ville qu’il avait été chargé de prendre.

Deux mois de combat, dont Morelos sortit toujours vainqueur, avaient un peu aguerri Cornelio, Il s’était acquis la réputation d’un brave, bien que souvent le cœur eût été sur le point de lui faillir.

La première fois qu’il avait vu le feu, il était côte à côte avec don Hermenegildo Galeana. Celui-ci avait pris sur lui un ascendant tel, que les éclairs de ses yeux l’effrayaient plus que la présence de l’ennemi. Son formidable argus combattait au premier rang, et sa lance et son machete[1] faisaient un tel vide autour du poitrail de son cheval, qu’un cercle infranchissable, au fer des Espa-

  1. Petit sabre courbe.