Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/176

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gnols semblait être tracé autour de lui, et qu’il ne laissait rien à faire à l’épée que Lantejas brandissait d’une main tremblante.

Il fut si satisfait de cette première épreuve, que, par la suite, il choisissait toujours cette même place. Il y avait aussi avec Galeana un autre homme qui combattait d’habitude à côté de lui : c’était Costal. Mais celui-là du moins, en courage de bon aloi et en force physique, ne le cédait qu’à peine à Galeana lui-même.

Galeana et Costal étaient pour l’alferez deux anges tutélaires dans les batailles. Entre eux, il assistait au combat presque en sûreté, car on ne peut guère dire qu’il y prît part.

Il portait néanmoins sa gloire comme un fardeau trop pesant pour ses épaules. Déserter était impossible ; sa tête était mise à prix, et, d’un autre côté, Morelos avait donné à l’endroit de la rivière Sabana où il avait établi son quartier général le surnom inquiétant de paso a la eternidad[1], voulant dire par là que ceux qui abandonneraient sa cause ou attaqueraient son camp s’embarqueraient pour le grand voyage.

Sur ces entrefaites, Lantejas reçut une réponse à plusieurs lettres qu’il avait écrites à son père pour l’avertir que, grâce à la mule rétive qu’il avait payée si bon marché, il avait pris les ordres en qualité de sous-lieutenant dans l’armée insurgée et qu’il soutenait sa thèse à coups de sabre, ce qui lui avait procuré l’insigne honneur de savoir sa tête menacée d’être coupée au lieu d’être tonsurée.

Après de grands compliments sur son intrépidité, qu’il avait si soigneusement dissimulée jusque-là, et pour cause, la réponse portait qu’on avait obtenu sa grâce du vice-roi, à la condition qu’il abandonnerait le parti de Morelos pour porter le poids de son bras au service de l’Espagne.

  1. Le passage à l’éternité.