Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/177

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Cette dernière clause n’était guère de son goût. Aurait-il trouvé dans les rangs des Espagnols deux protecteurs comme les siens ? Puis, outre l’affection mêlée d’admiration que lui inspirait son brave et habile général et sa reconnaissance profonde pour don Hermenegildo, il frissonnait à l’idée de se trouver quelque jour, comme ennemi, à portée de la lance ou du machete du formidable Galeana.

Il prit un moyen terme. Il résolut de ne rien dire au général de la lettre de son père et de se borner à lui demander un congé, qu’il comptait bien, une fois obtenu, prolonger à l’infini. On vient de voir comment il réussit.

Telles avaient été, en somme, les nouvelles aventures de l’étudiant en théologie, depuis son départ de l’hacienda de las Palmas jusqu’au moment où nous l’avons retrouvé sous la tente du général Morelos et l’avons accompagné au pont d’Hornos.

Là, Costal et lui, les yeux encore fixés sur l’Océan, dont la nappe d’azur sombre s’étendait au-dessous d’eux, continuaient à garder le silence, quand le lamentin plongea tout à coup sous l’eau avec un cri lugubre qu’une forte détonation vint couvrir.

« La citadelle est prise ! s’écria Lantejas.

— Pépé Gago nous a trahis, dit l’Indien ; je m’en doutais. »

De fréquentes décharges se faisaient entendre et prouvaient que Costal ne se trompait pas. Les troupes mexicaines étaient en déroute complète. Les deux homme se hâtèrent de quitter leur poste, et, arrivés à un petit défilé qu’on appelle Ojo de Agua, un terrible spectacle frappa leurs yeux.

Un homme couché en travers de l’étroit passage s’écriait au même instant :

« Viva Cristo ! lâches que vous êtes, vous passerez alors sur le corps de votre général. »

C’était bien la voix et la personne de Morelos, qui ne