Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/181

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« C’est quelque navire de ravitaillement pour les assiégés, poursuivit l’Indien. Attendons ici que le jour se fasse, et nous aurons le cœur net de ce qui se passe entre le fort et l’île ; et, si c’est ce que je pense, ce pourrait bien être un moyen de couper les vivres aux assiégés.

— En attendant, ils en reçoivent, dit Clara.

— Oui, mais ce serait la dernière fois. »

Le jour n’allait pas tarder à paraître. Déjà du côté de l’Orient, à travers les déchirures des nuages, apparaissaient comme les lueurs lointaines d’un incendie. Bientôt le soleil perça de ses rayons les blocs d’épaisses vapeurs amoncelées à l’horizon.

« Voyez-vous, là-bas, près de l’île ? » dit Costal.

Sur un fond lumineux, et au-dessus des massifs verdâtres des arbres qui bordaient l’île, se dessinaient en légers réseaux la mâture et les agrès d’un navire.

« C’est le bâtiment qui vient d’arriver, continua l’Indien ; il n’y était pas hier. Eh bien ! Clara, cette vue ne vous dit rien ?

— Mais oui ; elle m’apprend qu’un navire est là-bas à l’ancre, et que les assiégés vont recevoir de nouvelles provisions.

— Eh bien ! moi, j’ai mon idée, reprit l’Indien. Allons communiquer notre plan au général. »

Pendant que Costal et Clara délibéraient sur les moyens de prendre la forteresse, deux personnages d’une tout autre importance tenaient conseil sur le même sujet dans la tente du général en chef.

C’était Morelos et le mariscal don Hermenegildo Galeana. Le premier portait encore sur ses traits l’empreinte des passions violentes qui venaient de l’agiter, et il avait dédaigné même de faire disparaître la poussière qui souillait ses habits.

Le mariscal était sombre, parce qu’il voyait de sombres nuages sur le front de son général bien-aimé ; car,