Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/203

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Galeana en souriant. On se bat mal quand on peut se sauver, et je veux que nos hommes se battent bien. »

Il n’y avait rien à répliquer à l’ordre du chevaleresque mariscal, et tous trois eurent bientôt défait ou tranché les nœuds des câbles.

« C’est bien, reprit Galeana ; nous n’avons plus maintenant qu’à retirer des embarcations les fusées de signaux. »

Ils obéirent et larguèrent les amarres, et les vagues en se retirant eurent bientôt emporté les trois baleinières.

« Allez dormir jusqu’au moment où je vous ferai réveiller, dit Galeana ; vous avez besoin de sommeil, capitaine. Pendant ce temps, Costal ira pousser une reconnaissance dans l’île pour savoir où est l’ennemi. Il faut qu’aux premiers rayons du soleil l’île et la goëlette soient à nous. »

Le mariscal, en disant ces mots, rejeta sur sa figure le pan de son manteau et s’éloigna. Costal et le capitaine reprirent leur place sans se communiquer leurs réflexions, et, quand l’Indien eut achevé de se dépouiller du peu de vêtements qu’il avait conservés, il s’éloigna à son tour en se glissant à travers les mangliers du rivage, comme le jaguar quand il s’avance dans les roseaux pour surprendre l’alligator sur le bord des lagunes.

Quant à don Cornelio, il resta sans pouvoir dormir. Bien qu’un peu blasé sur le danger des batailles par une habitude de plus d’un an, l’obligation où Galeana avait mis ses soldats de vaincre ou de mourir le tenait éveillé. Son temps se passait à réfléchir sur les bizarreries de la destinée qui l’avait jeté malgré lui au milieu de la carrière périlleuse du soldat. Il ne formait plus qu’un vœu : c’était celui de voir prendre le plus tôt possible cette forteresse d’Acapulco, de laquelle Morelos lui avait promis de signer son congé. Au bout d’une