Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/202

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— Qu’attend le mariscal pour attaquer ?

— Que nous sachions où nous sommes et où est l’ennemi. La nuit est noire comme la gueule d’un canon, et le ciel et la mer sont en fureur. »

L’orage, du reste, faisait la sécurité des Mexicains jusqu’au jour ; car ignorants comme ils l’étaient des localités et de la force de la garnison espagnole, une attaque imprévue dirigée contre eux leur eût été funeste. Grâce à la tempête, on ne soupçonnait par leur présence.

Il était environ quatre heures du matin lorsque Costal donnait ces détails au capitaine. L’orage continuait à gronder, et la mer, qui brisait avec violence contre la grève, menaçait de rompre les câbles des embarcations, seul espoir de salut en cas de défaite. Don Cornelio jetait des regards effrayés sur cet Océan qui avait manqué de l’engloutir quelques heures auparavant. Il vit un homme descendre vers le rivage, et pensa qu’il allait resserrer les nœuds des câbles. En effet, l’homme se baissa ; mais au bout d’une minute, Lantejas crut entendre le grincement de la lame d’un couteau sur un objet qu’on cherchait à couper.

« Que fait-il donc ? dit-il à Costal en lui montrant l’homme occupé à sa mystérieuse besogne.

— Il coupe les câbles, parbleu ! répondit l’Indien ; et, s’élançant tout de suite vers lui, suivi du capitaine, il reconnut au pâle reflet de l’écume blanchâtre des vagues, le mariscal lui-même, don Hermenegildo Galeana.

— Ah ! c’est vous, capitaine, dit Galeana ; venez donc m’aider à trancher ces câbles, qui sont durs comme des chaînes de fer.

— Trancher ces câbles ! et si nous sommes contraints de battre en retraite devant des forces trop supérieures ?

— C’est précisément ce que je veux éviter, répondit