Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/211

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Cependant, à force de chercher, on trouva, dans un coin du fortin, un débris d’étamine rouge avec un lambeau de ce qui avait dû être jadis un soleil d’or, et qui parut merveilleusement correspondre aux étoiles du San-Carlos.

Avant toutefois de risquer une réponse faite au hasard, Galeana crut prudent de faire avancer sur la grève le Galicien dont il a été question. Celui-ci obéit, et, faisant de ses deux mains un porte-voix, cria avec l’énergie de son rude accent montagnard :

« Le commandant de l’île fait dire au capitaine du brick qu’il serait heureux de le voir venir à terre pour lui confier un message de la plus haute importance. »

Le capitaine du brick se montra sur le pont. C’était un marin à tête grise et à l’air circonspect ; son porte-voix envoya en grondant la réponse suivante :

« Je désirerais d’abord deux choses : la première que le seigneur commandant me fît l’honneur de me répéter son invitation lui-même ; la seconde, qu’il voulût bien répondre à mon signal autrement qu’en arborant un second pavillon national. »

Le Galicien passa la main dans son épaisse chevelure.

« Seigneur capitaine, dit-il, dans ces temps de troubles on ne saurait se montrer trop bon patriote.

— C’est vrai, reprit le capitaine.

— Le commandant de l’île serait heureux de vous souhaiter la bienvenue, reprit le Galicien ; mais, à la suite d’une indisposition fort grave, les médecins lui défendent le grand air et le soleil. Quant aux signaux, bien que le tonnerre soit tombé pendant le dernier orage sur la caisse où ils étaient enfermés, et qu’il ne nous reste plus que les débris d’un seul…

— Vous voudrez bien faire mes compliments, de condoléance au commandant, reprit le capitaine du brick d’un ton railleur, et, s’il avait des commissions pour don Pedro Velez, je m’en chargerais volontiers.