Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Attendez donc ; le pavillon qui nous reste est précisément le bon, et vous ne l’aurez pas plutôt vu flotter que tout malentendu cessera entre nous. Tentons la chance, » ajouta-t-il à demi-voix, s’adressant à ses compagnons.

En achevant cette réponse d’un air d’assurance parfaite, le Galicien cria d’une voix de stentor de hisser le pavillon au soleil d’or, et, peu de secondes après, le drapeau mutilé flottait à côté des deux bannières espagnoles.

Le capitaine du San-Carlos braqua sa longue-vue sur le haillon d’étamine bleue et jaune qui se déployait sous la brise avec tout l’orgueil d’un mendiant castillan, et tous attendirent avec anxiété le résultat de son examen. Le Galicien ne s’était pas trompé en assurant que tout malentendu se dissiperait à l’aspect de son signal : car, ainsi que les étoiles disparaissent devant le soleil, le pavillon étoile fut brusquement amené ; puis, pour prouver qu’en effet le capitaine ne conservait plus aucun doute le brick tourna le flanc et lâcha sur l’île une bordée de boulets, dont l’un coupa en deux le malheureux Galicien.

Un cri unanime de désappointement et de vengeance, poussé par tous les hommes, répondit à ce brutal procédé du capitaine espagnol, qui leur échappait, et la voix de Galeana domina le tumulte en criant :

« À l’abordage ! »

Joignant l’action à la parole, don Hermenegildo sauta dans l’une des barques amarrées au rivage, et toutes furent en un instant remplies de soldats, animés de l’esprit du chasseur affamé qui voit sa proie lui échapper.

Costal, en compagnie de son fidèle Clara, s’était tout de suite jeté dans la yole du mariscal. C’était une embarcation longue, étroite et légère, dont l’Indien avait pu déjà reconnaître la marche supérieure et la solidité. Lantejas voulut, mais vainement, prendre place à côté de ses