Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/219

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pêcher de distinguer pleins de vie Galeana, Costal et le nègre à la poursuite de leur ennemi, qui fuyait de toute la vitesse de ses rames. Lantejas reconnut parfaitement aussi l’homme au caban.

Au même moment, les cinq barques espagnoles, dont les hommes avaient atteint le but qu’ils s’étaient proposé (le ravitaillement du fort), firent également force de rames pour s’éloigner. Des huées accompagnèrent les fuyards, et plusieurs voulaient les poursuivre ; mais la mort du capitaine Salas laissait le commandement à Lantejas en l’absence du mariscal, et il donna l’ordre de marcher au secours de ce dernier.

L’ardeur des rameurs à voler à l’aide de leur général les rapprocha promptement de sa yole. Galeana venait d’atteindre et d’aborder la barque ennemie, et don Cornelio put être témoin d’une courte et sanglante lutte. Il vit don Hermenegildo abattant, selon son habitude, tout ennemi qu’il touchait ; il vit aussi Costal un instant enlacé avec l’homme au caban, puis ce dernier s’élancer à la mer et gagner le rivage. Costal, saisi alors par les rameurs, eut à lutter en désespéré contre eux, et Lantejas le vit, parvenant enfin à se dégager de leur étreinte, bondir dans l’eau comme un furieux à la poursuite du mystérieux personnage.

« Ah ! s’écria l’un des insurgés, ce païen de Costal tient à savoir qui est l’homme à la bayeta.

— Il veut la rançon du roi d’Espagne, » dit un autre.

Les Mexicains n’étaient plus qu’à une courte distance de Galeana, quand ils l’aperçurent sautant avec les siens dans le canot ennemi, et, au moment où ils l’accostaient, le dernier Espagnol tombait poignardé dans la mer. Le mariscal regagna sa yole, poussa d’un pied dédaigneux la barque vide et la laissa flotter à l’aventure.

« Et Costal ! s’écria don Cornelio, où est-il ?

— Ah ! c’est vous, capitaine ? répliqua le mariscal lors-