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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/224

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Le noir et l’Indien se remirent, cette fois, à la poursuite du fugitif, en quittant le chemin pour se perdre bientôt tous trois dans la campagne. Comme on verra tout à l’heure le résultat de la chasse que donnaient les deux associés à l’homme au caban, nous en supprimerons les détails pour retourner auprès des deux hommes laissés à la garde du canot.

Tandis que le capitaine Lantejas s’avançait dans le chemin creux avec toute la circonspection dont il avait promis d’user, et avec une lenteur qui ne devait pas lui permettre de rejoindre de sitôt ceux qu’il cherchait, ses deux rameurs étaient bien loin d’observer la consigne qu’il leur avait donnée.

Le sommeil les gagnait l’un et l’autre, car tous deux avaient passé sur pied la nuit précédente.

« Si nous dormions à tour de rôle ? dit le premier.

— J’aimerais mieux dormir en même temps, dit le second ; séparés de la terre par la distance où nous sommes, je ne vois pas trop quel risque nous pourrons courir ; le capitaine en sera quitte pour nous éveiller. »

Et, au lieu d’avoir l’œil au guet, comme il leur avait été enjoint, tous deux, avec un surprenant ensemble, s’endormirent profondément.

Ce sommeil intempestif fut cause qu’ils n’aperçurent ni l’un ni l’autre deux hommes qui s’avançaient avec précaution, le long des rochers, sur la grève, et les pieds presque baignés par la mer.

Ces deux individus ne portaient pas d’uniforme ; mais ils étaient armés de fusils. Quant à leur présence, quelques cadavres, que la mer repoussait vers la terre, en justifiaient facilement la cause.

C’étaient de ces maraudeurs à la suite des armées, pour qui toute proie est bonne, qui pillent les vivants et dépouillent les morts. Ceux-ci appartenaient à l’armée royaliste, et, chassés d’Acapulco comme les loups d’un bois après une battue, n’osant demander asile dans le