Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/233

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ciel mexicain, servait de cadre à l’un de ces tableaux de désolation et de deuil que le génie destructeur de l’homme se plaît quelquefois à composer avec un art infernal.

Aussi loin que l’œil pouvait s’étendre, on voyait d’un côté de nombreux cavaliers, battre la plaine déserte au milieu d’habitations saccagées ou fumantes encore du feu de l’incendie. Les chevaux, lancés avec rapidité au milieu des champs, broyaient sous leurs pieds de riches épis qui n’attendaient que la main du moissonneur épouvanté, et mis en fuite. Le sol, foulé en tous sens, n’offrait plus qu’un amas confus de tiges brisées et éparses, que le cavalier eût dédaigné de donner en pâture à son cheval.

Des groupes serrés de noirs vautours, planant de tous côtés, indiquaient la place où des cadavres d’hommes et d’animaux étaient abandonnés à leur voracité.

D’un autre côté de la plaine, le drapeau espagnol flottait au-dessus des tentes d’un camp de l’armée royaliste, où achevaient de s’éteindre les feux des bivouacs de nuit, où les hennissements des chevaux se mêlaient au retentissement sourd des tambours et aux notes aiguës des clairons.

Plus loin encore, au delà du camp espagnol et à deux portées de fusil de la ligne extérieure de ses retranchements, s’élevaient, au-dessus des maisons basses et plates d’une petite ville, les dômes et les clochers des églises, ébréchés par la bombe. Cette ville, ou plutôt ce bourg, était au pouvoir des insurgés.

De grossiers parapets de terre joignaient entre elles les maisons éparses, la plupart écroulées sous le canon, et formaient un front de fortifications incomplètes en face de celles du camp des royalistes. Enfin, l’espace de la plaine resté vide entre le camp espagnol et le bourg était jonché de cadavres presque tous mutilés.

Huajapam, c’est le nom du bourg, était défendu de-