Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/246

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Un simple coup d’œil jeté dans l’hacienda la rendra palpable au lecteur.

Dans le salon que nous connaissons déjà se trouvaient réunis don Mariano et ses deux filles, et leur position était de nature à justifier parfaitement le silence, qui avait accueilli la sommation de l’officier royaliste. Debout devant la porte et le poignard à la main, Arroyo et Bocardo traçaient à l’hacendero la ligne de conduite qu’il devait suivre.

« Écoutez, seigneur don Mariano, disait le bandit du ton brutal qui lui était habituel, j’aime à croire que votre loyauté se refuserait à livrer les hôtes de votre toit.

— C’est vrai, répondit don Mariano ; et vous pouvez être certain…

— Je le sais, vous refuserez de nous livrer ; mais ce capitaine du diable fera sauter la porte et nous prendra, malgré vos cris. Or, voilà ce que je veux éviter.

— Connaissez-vous un moyen pour l’empêcher ?

— Sans doute, il y en a un fort simple. Ce coyote de Belzébuth a été votre ami. Si en ma qualité de serviteur de votre maison… jadis… je suis bien instruit de ce qui s’y passe, il a, en outre, un faible pour la charmante doña Gertrudis, et, en conséquence, il aura égard au terrible danger que vous courez.

— Un danger ! je ne vous comprends pas.

— Vous allez me comprendre : vous direz au capitaine que, s’il se décide à faire sauter la porte, il nous prendra en vie, sans aucun doute ; mais que, pour vous et vos deux filles, il ne trouvera que vos cadavres. Me comprenez-vous à présent ? »

Les paroles d’Arroyo eussent pu être moins explicites : l’air de férocité répandu sur tous ses traits indiquait assez sa pensée. Les deux filles de l’hacendero se jetèrent avec effroi dans ses bras.

En ce moment, le son du clairon se fit entendre de