Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/25

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« Le prêtre obscur allait tout simplement se mettre en devoir de remplir sa mission.

« Ai-je besoin de vous dire, poursuivit Castaños, qui était cet homme simple et modeste dont le doute et l’ironie accueillirent le début ? C’était le curé du petit village de Nécupétaro y Caracuaro, l’illustre Morelos. Est-ce de la chronique, ceci ?

— Assurément, et j’en attends la fin.

— Je n’ai plus revu Morelos, et je ne pourrais à présent que retomber dans le domaine de l’histoire. Mais si mon ami don Cornelio Lantejas est encore à Tépic, il pourra vous compléter la chronique de Morelos, qu’il a fidèlement servi jusqu’à la mort de ce grand homme. »

Au moment où le capitaine venait de m’ouvrir cette perspective, en m’assurant que je pourrais entendre le récit d’un des compagnons du plus remarquable des chefs de l’indépendance, nous arrivions au fond de l’immense ravin dont nous allions avoir à gravir le bord opposé. Il y avait là un petit village[1] enseveli entre les deux chaînes de la cordillère. Le disque du soleil apparut tout à coup au sommet du gigantesque rempart de montagnes qui nous faisait face et qui nous restait à franchir. D’une cime à l’autre de la Sierra-Madre, des rayons d’un pourpre pâle s’étendaient au-dessus de nos têtes en réseaux lumineux, comme les cordes frémissantes d’une harpe d’or, tandis que le fond de l’immense cañada[2] était encore noyé dans un brouillard d’azur. Quelques instants après, les ombres bleues du matin s’évanouirent, et des flots de lumière envahirent jusqu’aux plus profondes fissures des montagnes.

Nous atteignîmes bientôt le niveau de la cañada ; puis, après avoir laissé reposer un instant nos chevaux sous les bananiers de Plan-de-Barrancas, où n’apparaissaient

  1. Plan-de-Barrancas.
  2. Ravine.