Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/250

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devant Dieu, ma parole de gentilhomme que, quelle que soit l’issue du combat, c’est-à-dire si je succombe, il ne te sera rien fait. »

Un moment le bandit demeura indécis et muet ; on aurait pu croire qu’il calculait les chances de ce combat ; mais il avait trop de fois appris à connaître la valeur personnelle du capitaine pour trouver qu’elles fussent en sa faveur. Il n’osa accepter.

« Je refuse ! dit-il.

— Garde ton cheval, je te combattrai à pied.

Demonio ! je refuse, vous dis-je.

— Je m’en doutais ; mais écoute encore : je te laisse ma parole qu’il ne te sera rien fait, si tu veux permettre aux habitants de cette maison, que je désignerai, de la quitter pour venir avec moi se mettre sous la sauvegarde d’un ennemi loyal.

— Je refuse encore, répondit Arrayo.

— Va, tu n’es pas un homme ! et, quand cette main te tiendra, au lieu de te traiter en homme, je te ferai mourir sous le fouet, comme un chien enragé. »

Après avoir jeté cet adieu terrible, le capitaine fit faire une volte à son cheval et tourna le dos au bandit avec un geste du plus profond mépris.

Le clairon retentit de nouveau et le détachement reprit le chemin des montagnes ; Don Rafael emportait de cette entrevue, dont le résultat était si douloureux pour lui, un ressentiment profond des paroles trop sincères de don Mariano, outre l’inquiétude mortelle qu’il éprouvait à l’idée de laisser ses deux filles au pouvoir d’un monstre tel qu’Arroyo

Ses craintes, à ce sujet, ne se réalisèrent du moins qu’en partie : deux jours après, il apprit par un de ses batteurs d’estrade que cette fois Arroyo et Bocardo avaient quitté la province après avoir pillé l’hacienda, et que les habitants de las Palmas n’avaient pas eu à subir d’autre malheur.