gue et lointain se fit entendre du côté de la ville assiégée. Ce bruit, du reste, semblait n’être produit que par les diverses intonations d’un chant solennel d’actions de grâces. Bientôt le son des clairons et l’explosion de nombreuses fusées, tirées en signe de joie, le dominèrent entièrement.
« Ces réjouissances publiques sont de mauvais présage pour nous ! s’écria Régules, quand on ne put douter plus longtemps de la nature de ce joyeux tumulte. Ce n’est pas demain qu’il faut lever le siège, c’est aujourd’hui.
— C’est-à-dire qu’il faut fuir devant des pétards ! repartit Caldelas.
— Tomber comme les murs de Jéricho devant des trompettes ! ajouta le colonel.
— Puissé-je n’avoir pas raison ! » dit Regules.
Et, malgré son avis, la détermination de donner le lendemain un dernier assaut fut prise dans le conseil.
Cet assaut cependant ne devait pas avoir lieu. Nous dirons dans le chapitre suivant les raisons qui s’y opposèrent, et nous ferons connaître la cause des signes de joie qui partaient de la ville assiégée.
Le conseil terminé, les officiers regagnèrent leurs tentes. Don Rafael avait hâte de se trouver seul pour réfléchir à l’aise au sens du message qu’il avait reçu, et surtout pour caresser ce doux rayon d’espoir qui venait de pénétrer dans son cœur, jusqu’alors si triste.
Il ne daigna même pas prêter l’oreille au bruit de la joie des assiégés, bien que le camp espagnol tout entier s’en préoccupât comme d’un sinistre augure.