Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/279

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les rangs ; la troupe se laissa entamer, puis bientôt se débanda.

Aveuglé par son animosité, Caldelas tourna bride, laissant à don Rafael le soin de rallier les soldats dispersés, et s’élança du côté de Regules.

Pendant ce temps, l’aide-de-camp de Trujano, ou, pour mieux dire, le capitaine don Cornelio, peu désireux de se trouver parmi les combattants, avait tourné un vaste champ de maïs croissant sur un plateau plus élevé que le terrain du reste de la plaine. De temps à autre, il avait essayé de juger du chemin qu’il faisait par là ; mais les tiges de maïs qui le cachaient l’empêchaient aussi de voir s’il était encore loin du corps de troupes de Galeana.

Quand il crut cependant qu’il devait être en ligne parallèle avec le mariscal, don Cornelio n’hésita pas à s’engager au galop dans un sentier creux qui coupait le plateau.

Du côté des combattants, ce sentier était fermé par des buissons et quelques arbustes qui masquaient la vue. Don Cornelio n’eut pas plutôt dépassé cette barrière, qu’a son grand effroi il se trouva au milieu des troupes espagnoles formant un demi-cercle d’épées, de fusils et de lances.

Au moment où, justement effrayé de son excès d’audace involontaire, le capitaine Lantejas allait s’élancer, en tournant bride, vers le sentier dont il sortait, un cavalier espagnol, à la contenance furieuse, brandissant un pistolet à la main avec d’effroyables jurons, se trouvait face à face avec lui.

Les yeux du cavalier lançaient des éclairs de rage en se promenant avidement sur les combattants, et, bien qu’il ne parût même pas soupçonner la présence de don Cornelio, celui-ci ne douta pas que ce terrible officier ne le cherchât exprès pour le tuer, ou que tout au moins il ne voulût lui couper la retraite vers le sentier creux où il eût tant aimé à se trouver en sûreté.

L’officier, toutefois, n’y pensait guère ; mais don Cornelio, avec l’énergie du désespoir, lui porta un si vigoureux