Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup de lance, qu’il le jeta sans vie à bas de son cheval.

Un cri de douleur retentit aux oreilles de Lantejas, qui s’élança vers le sentier resté libre, se promettant bien, cette fois, pour ne plus tomber dans une pareille méprise, de faire le tour du plateau, dût-il arriver à une prodigieuse distance en avant du champ de bataille.

Tout à coup une voix formidable gronda derrière l’ex-étudiant, et les hennissements rauques d’un cheval, qui lui semblaient comme les rugissements d’un jaguar, vinrent le glacer de terreur.

Pour fuir plus à l’aise, don Cornelio jeta sa lance loin de lui ; mais les étranges ronflements du cheval, qui martelait le sol de ses quatre pieds dans sa course à outrance, se rapprochaient avec une effrayante rapidité.

« C’est le cheval de l’Apocalypse, bien sûr ! » se disait Lantejas éperdu.

Et le capitaine ne fuyait que plus vite.

Entouré de quelques officiers d’ordonnance, allant et venant autour de lui, Morelos, sa lorgnette à la main, continuait à examiner avec une profonde attention tous les incidents de l’action qui se passait dans la plaine.

Il avait vu le capitaine Lantejas tourner à cheval le plateau couvert de maïs.

« Eh ! dit-il à l’un de ses officiers, si je ne me trompe, c’est bien le capitaine Lantejas qui galope là-bas… Que va-t-il faire ? Quelqu’un de ces coups décisifs, imprévus, où il excelle, comme au siège de Cuautla, où, en poussant son cheval entre moi et ce géant espagnol, qui allait me fendre le crâne de sa rapière, il reçut le coup et me sauva. Heureusement que l’arme tourna dans la main du soldat, et que le capitaine, frappé du plat de la lame en fut quitte pour vider les arçons.

— Seigneur général, il y a des malintentionnés qui n’ont pas manqué de prétendre… que… que… »

L’officier d’ordonnance s’arrêta sans oser achever.

« Qu’a-t-on prétendu ?