Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/287

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yeux de don Rafael l’interrogèrent ardemment sur le véritable sens de ses quatre derniers mots, le colonel insurgé s’écria :

« Laissez passer le colonel Tres-Villas, messieurs, et que tout le monde oublie ce qui vient de se passer. »

Il salua profondément de son épée don Rafael, qui, encore tout troublé, ne put que lui adresser un regard empreint d’une vive reconnaissance. Le colonel pressa la main de don Cornelio, et, s’inclinant froidement devant les autres, s’élança au galop hors du chemin creux sans trop savoir où il allait.

Toutefois, quand il fut seul, il ralentit le pas de son cheval. Les dernières paroles de Trujano : « Allez-y, croyez-moi, » étaient-elles un signe de l’accueil bienveillant qui l’attendait à las Palmas ? Devait-il s’y arrêter avant de rejoindre le lieutenant Veraegui à l’hacienda del Valle pour entreprendre sa dernière campagne contre Arroyo ?

Cette fois encore l’amour entrait en lutte avec le devoir. Don Rafael n’eût pas hésité si longtemps à se rendre à l’hacienda del Valle, si une fée bienfaisante eût pu lui faire connaître qu’à cette même heure, et à trente lieues de lui, avait lieu un incident de nature à concilier pour la première fois son devoir avec son amour.

Un messager, le même qui, quelques jours auparavant, avait ramené le cheval de don Rafael à l’hacienda del Valle, s’y présentait de nouveau, mais cette fois avec un message purement personnel pour don Rafael Tres-Villas. Ce fut le lieutenant Veraegui, Catalan assez peu cérémonieux, qui reçut le messager.

« D’où venez-vous ? lui demanda-t-il.

— De Oajaca.

— Qui vous envoie ?

— Don Mariano Silva.

— Que voulez-vous au colonel ?

— Je ne dois le dire qu’au colonel lui-même.