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CHAPITRE XI

L’ORGUEIL ET L’AMOUR.


Avant d’accompagner le colonel dans le voyage périlleux qu’il commence à travers une province si complètement gagnée par l’insurrection, que la capitale, Oajaca, restait seule au pouvoir des Espagnols, il est d’autres personnages dont il faut nous occuper.

En premier lieu, nous devons dire ce qui s’était passé à l’hacienda de las Palmas depuis le jour où don Rafael l’avait laissée pour ainsi dire à la discrétion du féroce Arroyo et de son associé Bocardo.

Jusqu’à ce moment, les deux guerilleros, réfugiés chez leurs anciens maîtres avec les débris de leur bande à peu près détruite par le capitaine Tres-Villas, avaient bien voulu consentir à se tenir avec eux sur le pied d’une parfaite égalité. Les deux bandits mangeaient à leur table, se faisaient servir par leurs domestiques, et, de plus, jetaient, Bocardo surtout, des regards d’admiration assez alarmants sur la vaisselle d’argent dont se servaient les propriétaires de l’hacienda.

Plusieurs fois déjà le cupide guerillero avait fait devant don Mariano des allusions à la richesse des royalistes, et, derrière lui, il avait souvent essayé de démontrer à son compagnon que des gens dont une si riche vaisselle chargeait la table ne pouvaient être, dans le fond du cœur, que des partisans dévoués à la cause des oppresseurs.

« Voyez plutôt, disait-il, nous qui sommes de francs et loyaux insurgés, nous en serions réduits, partout ailleurs qu’ici, à nous servir de nos doigts pour fourchettes et de morceaux de galette de maïs pour cuillers. »