Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/311

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sire, si ce n’est de les jeter à la figure du messager d’amour ? car c’est un gage qu’il colporte ainsi sans doute à ce colonel du diable.

— Le messager a repris sa tresse ? demanda Bocardo.

— Oui, avec empressement.

— De mieux en mieux ! répliqua Bocardo. J’avais pensé d’abord à corrompre ce messager et à l’engager à donner au colonel un rendez-vous où, au lieu de ceux qu’il attendrait, une vingtaine de nos coquins seraient tombés sur lui pour le prendre vivant. C’était douteux, et à présent, avec ce gage d’amour, on le mènera partout sans qu’il se défie de rien. Faites seulement venir cet homme, et je me charge du reste. Que ferons-nous du colonel Tres-Villas, Arroyo ?

— Nous le brûlerons à petit feu ; nous l’écorcherons vif, répondit le guerillero avec une expression de joie féroce.

— Et votre femme intercédera pour lui, ajouta Bocardo.

— Le brûler à petit feu ! l’écorcher vif ! » s’écria la mégère.

Et, poussant un éclat de rire méprisant pour ces pauvres moyens de tortures, elle sortit de la tente de son mari.

Le courrier désigné sous le nom d’el Gaspacho entrait au même instant.

C’était un grand drôle, sec comme la lame d’une rapière, à l’air impudent et cynique, avec des cheveux tombant sur ses épaules en longues mèches droites et roides, semblables à des lanières de cuir noirci à la fumée.

« Parle, porteur de sinistres nouvelles, dit Arroyo avec un sombre regard sous lequel le Gaspacho se sentit frissonner, malgré sa cuirasse d’impudence.

— J’ai de bonnes nouvelles aussi, seigneur capitaine, s’empressa de dire le bandit.

— Voyons d’abord les mauvaises.