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CHAPITRE II

OÙ LE PLUS EFFRAYÉ N’EST PAS CELUI QU’ON PENSE.


La partie du rapport d’el Gaspacho qui était relative au colonel Tres-Villas ne doit pas laisser de doute sur le but que poursuivaient les huit cavaliers que nous avons montrés, assemblés en conseil dans une des clairières des bois de l’Ostuta.

C’étaient bien les soldats d’Arroyo qui s’étaient lancés à sa poursuite ; cependant, si on se rappelle les paroles du Gaspacho, ils étaient dix alors, et nous n’en trouvons plus que huit.

Avant de faire savoir comment leur nombre avait diminué dans cette proportion, il faut nous reporter à l’instant où don Rafael allait quitter le champ de bataille de Huajapam.

Quand les chants de victoire proférés par les soldats de Trujano eurent enfin cessé, don Rafael réfléchit que, pour faire seul un voyage d’une trentaine de lieues, à travers un pays presque totalement insurgé, il devait prendre, quoi qu’il en eût, certaines précautions d’où dépendait sa sûreté.

Son uniforme brodé, son casque, tout son équipement, en un mot, devait trop le signaler sur son passage. Il était d’ailleurs mal armé ; sa longue épée de dragon s’était brisée pendant le combat ; il était urgent de remédier à tout cela.

Il ne pouvait ni entreprendre de pénétrer jusqu’à sa tente pour y chercher de nouvelles armes et changer de costume, ni espérer qu’elle n’eût pas été pillée comme toutes celles du camp royaliste.

Don Rafael revint néanmoins sur ses pas, espérant que