Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/314

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le campement, où chacun rivalisait de zèle pour être prêt le premier.

« Caramba ! si le colonel échappe à ceux qui sont sur ses traces et qu’on ne puisse reprendre ce messager de malheur, adieu mes combinaisons ! » s’écria Bocardo ; et, tandis que la femme d’Arroyo sortait pour aller accélérer le départ des cavaliers : « C’est égal, dit-il à celui-ci, nous avons toujours, pour nous consoler, l’hacienda de San Carlos.

— Oui, j’ai besoin de distraction, répondit Arroyo avec un farouche sourire ; ce soir nous nous divertirons, et demain nous livrerons un assaut furieux au repaire des brigands espagnols, et nous ne laisserons pas pierre sur pierre de cette hacienda maudite del Valle.

— Oui, à demain les affaires sérieuses, répliqua Bocardo en se frottant les mains ; mais nos hommes sont prêts à partir, reprit-il en jetant un coup d’œil au dehors ; si vous m’en croyez, au lieu de vingt, vous n’en enverrez que dix : c’est suffisant pour donner la chasse à ces deux drôles. Avec le renfort qu’il va falloir expédier tout de suite à l’hacienda del Valle, il nous resterait trop peu de monde au quartier général. »

Arroyo se rendit à l’avis de son associé. Parmi les vingt hommes prêts à partir, il en choisit dix des mieux montés, et les autres reçurent l’ordre de se diriger vers el Valle.

Mais, comme leur départ était moins pressé, pendant qu’ils complétaient leurs préparatifs pour une expédition de plus longue haleine, les cavaliers chargés de poursuivre le messager et Juan el Zapote poussèrent leurs chevaux avec ardeur dans le gué de l’Ostuta. On supposait que les fugitifs avaient cherché un refuge dans les bois épais qui couvraient la rive gauche du fleuve, après l’avoir traversé à la nage pendant la nuit.