Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/334

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« Je suis, ma foi ! fâché de ne pas lui avoir demandé son nom, dit le compadre du Zapote à son compagnon au bout d’un quart d’heure de route silencieuse ; il ne nous en aurait sans doute pas fait plus de mystère que de sa qualité, car il paraît aussi franc que brave. D’après sa tournure et malgré son costume, ce doit être quelque officier de l’armée royaliste.

— Bah ! reprit le Zapote, le nom ne fait rien en pareille circonstance. C’est un homme perdu, et nous ne serions pas plus avancés de savoir comment il s’appelle.

— Qui sait ?

— Je suis fâché que nous n’ayons pas pu lui être utiles, voilà tout ; à présent, pensons à nous, c’est l’essentiel ; car, vois-tu ? mon brave Gaspar, nous ne sommes pas encore hors de danger. »

Les deux compagnons poursuivirent leur route en se glissant le plus doucement possible à travers les fourrés, que le soleil déjà plus élevé commençait à éclairer de ses rayons brûlants.

Une demi-heure s’écoula ainsi avant qu’ils entendissent de nouveau les voix de ceux qui s’avançaient dans le bois, marchant peu éloignés les uns des autres. Ces voix se turent bientôt.

Au milieu du silence qui régna alors, le Zapote distingua le craquement des buissons à quelque distance de lui, et, en avançant de ce côté, il aperçut un homme qui marchait avec précaution la carabine à la main ; puis, à dix pas de celui-ci, à sa droite et à sa gauche, sur la même ligne, deux autres hommes se glissant avec les mêmes précautions à travers les halliers.

Tous trois se faisaient de leur mieux un rempart de chacun des arbres qu’ils rencontraient. Le Zapote reconnut l’un d’eux.

« Eh ! Perico ! cria-t-il.

— Qui m’appelle ? reprit l’homme.

— Moi, Juan el Zapote.