Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/347

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Costal ne mangera pas, pour se préparer par l’abstinence à parler avec ses dieux.

— Malheureux fou, qui crois aux fables du paganisme de Costal ! s’écria Lantejas.

— J’ai appris à y croire, répliqua le nègre. Le Dieu des chrétiens habite le ciel, et ceux de Costal le lac d’Ostuta. Tlaloc, le dieu des montagnes, réside au sommet du Monapostiac, et Matlacuezc, sa femme, la déesse des eaux, se baigne dans le lac qui entoure la montagne enchantée. La pleine lune après le solstice d’été est la période lunaire pendant laquelle ils apparaissent tous deux à celui des descendants des caciques de Tehuantepec qui a dépassé la cinquantaine ; et ce soir Costal et moi nous irons les évoquer. »

Comme le capitaine allait ouvrir la bouche pour essayer de ramener le nègre à des idées plus raisonnables, l’Indien zapotèque arrivait près de lui.

« Eh bien ! Costal, demanda-t-il, nos renseignements sont-ils exacts, et Arroyo est-il réellement campé, sur les bords de l’Ostuta ?

— C’est la vérité, répondit l’Indien ; un peon de ma connaissance et de ma caste m’a dit que Bocardo et lui interceptaient le gué du fleuve. Ainsi, ce soir, vous pourrez leur transmettre votre message ; puis ensuite vous nous donnerez la permission à Clara et à moi, d’aller passer la nuit sur les bords du lac sacré.

— Hum ! ils sont si près ? dit le capitaine avec un certain malaise qui lui fit brusquement cesser son dîner.

— Plus altérés que jamais, l’un de sang, l’autre de pillage, reprit Costal d’un ton peu propre à rassurer don Cornelio.

— Au diable la mission ! se dit-il au fond de son cœur ; puis il reprit tout haut : C’est donc vers le gué de l’Ostuta que nous devons marcher ?

— Quand il plaira à Votre Seigneurie.

— Nous avons le temps ; je désire me reposer quel-